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Gilles MARTY

Gilles MARTY

Diplômé en France et au Canada
Professeur à l’École Nationale d’Architecture
Membre de l’Agence Française de Développement, du réseau Grand Site de France

Gilles, les savoir-faire d’excellence

Je suis architecte mais j’aurais pu exercer d’autres métiers : philosophe,  historien, physicien, paysagiste, archéologue. L’architecture me  passionne parce qu’elle me permet de  tous les pratiquer en même temps. Ils coexistent en moi et constituent ce que  j’appelle mes « figures d’architecte ». Ce sont elles qui me guident, m’inspirent et  m’orientent à chaque nouvelle phase d’élaboration d’un projet.

Mon approche d’un site est celle d’un archéologue :  j’arpente, j’observe, je fouille. Je traque  des indices pour reconstituer une totalité à partir de quelques fragments.

Puis j’élabore chaque nouveau concept architectural comme un chef cuisinier :  je prélève des sensations dans le  paysage dont j’extraie quelques  matières précieuses pour les assembler  avec la plus grande sobriété.

La conception de l’édifice, quant à elle, fait appel à la rigueur d’un maître horloger : je règle  des mécanismes de précision dont  chaque composante devient la transposition architecturale des qualités  visibles et invisibles du site.

Mais le métier dont ma pratique de l’architecture est le plus proche est certainement celui de musicien. Je compose, j’interprète, parfois j’improvise, mais toujours je m’attache au timbre, au rythme et à la mélodie des choses bien plus qu’à leurs apparences.

Adolescent, je voulais être luthier. Mais un autre destin m’attendait, celui d’architecte, sans savoir que ces deux métiers deviendraient un jour intimement liés. Après de nombreuses  années de travail il m’apparait évident que je conçois mes bâtiments comme des instruments de musique. Ma tâche principale consiste à les accorder avec patience et application aux lieux  auxquels ils sont destinés. Je les fabrique dans mon esprit bien avant que leur véritable construction commence. Je sélectionne leurs matières, j’en définis chaque pièce, j’imagine leurs surfaces et leurs effets soumis aux éléments naturels, j’essaye d’entendre leur sonorité. Puis je tends leurs lignes et je règle leurs proportions jusqu’à qu’ils s’accordent au lieu, jusqu’à ce qu’ils sonnent juste.

Je ne me confonds pas avec mes  réalisations, elles ne m’appartiennent pas. Une fois achevées elles appartiennent à leur paysage, à leur  territoire et à tous les êtres qui les  peuplent. Je préfère le silence des choses discrètes au bruit assourdissant des formes ostentatoires. Rien ne me touche plus que la douceur d’une lumière douce dans la quiétude d’un jardin ou la clarté d’un rayon de soleil dans la pénombre d’une église. L’architecture n’est pour moi qu’un moyen comme un autre de cultiver le vivant sous toutes ses formes.

Un ami paysagiste me définit comme un architecte de sites. S’il veut dire que j’ai renoncé à couler du béton pour me consacrer totalement aux lieux où j’édifie, cela me convient. Ma manière d’aimer l’architecture est celle d’un étranger qui aime et affectionne un pays  qui n’est pas le sien.